La « Révolution du Jasmin », démarrée en Tunisie depuis le nouvel an 2011, a balayé de nombreux pays et d’hommes forts du monde arabe, dont les dernières répercussions sont encore loin de se calmer.
La forte influence de ce choc imprévu sur la Chine révèle que, par rapport au développement économique à grande vitesse et aux besoins de la prise de décision politique, les études pouvant servir de référence pour répondre aux changements de la situation internationale sont loin d’être suffisantes. Réalisée l’insuffisance des think tanks en Chine, notamment dans les études à l’égard de tel ou tel pays, les autorités chinoises ont démarré, fin 2011, une construction de grand ampleur de think tanks gouvernementaux. Ce projet énorme est considéré comme une mesure réparatrice avant qu’il ne soit trop tard. Une centaine d’établissements de recherche destinés aux différents pays doivent être construits.
Selon le classement « Global go-to Think Tanks 2011 » de l’Université de Pennsylvanie, la Chine est au deuxième rang avec 425 think tanks, derrière les Etats-Unis (1815 think tanks). Mais Wang Shaoguang, professeur à l’Université chinoise de Hong Kong, estime que plus de 35000 chercheurs travaillent dans 2500 centres d’études politiques ou think tanks chinois. Mais derrière ce chiffre énorme, il existe un déséquilibre structurel très grave : outre le déséquilibre régional (la plupart des think tanks travaillent sur les affaires américaines ou européennes), la connaissance des chercheurs est aussi limitée, la plupart d’entre eux manquent d’une vision approfondie historique, philosophique et religieuse. Les études se concentrent principalement sur les relations internationales et les stratégies générales, les questions concrètes sont souvent négligées.
Le mode de fonctionnement des think tanks en Chine est aussi à améliorer. Vu que le système de prise de décision en vigueur, dépendant seulement des établissements ou think tanks faisant partie de l’establishment, n’arrive plus à s’adapter à la nouvelle situation, il faut faire jouer le rôle du marché. De plus, le système de « Revolving Door » des Etats-Unis, mécanisme qui fait circuler les fonctionnaires du gouvernement, les chercheurs des think tanks, les professeurs d’université ainsi que les personnalités du monde des affaires, constitue une valeur de référence pour la Chine.
Phoenix Weekly publié le 15 avril, No.11 2012