Faute de mieux, les Français expatriés en Chine échangeaient leurs bons plans pour recevoir de France – de façon illégale, mais coûte que coûte – les saucissons qui leur manquaient tant dans leur pays d’adoption. Cette période est révolue depuis mars 2015, date de la signature d’un accord entre la France et la Chine autorisant l’acheminement de certains produits de charcuterie française dans l’Empire du Milieu. Pourtant, les saucissons n’envahissent pas encore les étals chinois.
Cinq ans de lobbying pour avoir du saucisson français en Chine
Avant la signature de cet accord, l’importation de saucisson français en Chine était purement et simplement interdite. Quelques produits de charcuterie européenne étaient déjà présents sur le marché, le jambon de parme italien notamment, mais les produits des producteurs français n’avaient pas réussi à obtenir l’autorisation de la part du gouvernement chinois. Les concurrents espagnols ou italiens étaient déjà présents sur le marché, mais les produits des producteurs français n’avaient pas réussi à obtenir l’autorisation de la part du gouvernement chinois. Le blocage venait d’un contexte particulièrement houleux, avec des fraudes liées à la qualité sanitaire de la viande importée, et en particulier du porc.
Début 2013, alors qu’une d’opération de répression des fraudes en tout genre sur la viande venait d’être lancée, le gouvernement chinois fait face à un énième scandale agroalimentaire, cette fois-ci concernant la viande de porc. En mars, plusieurs milliers de cadavres de porcs flottaient à la surface du principal fleuve qui traverse Shanghai, le Huangpu. Depuis ce scandale qui a fait la une de l’actualité chinoise, les autorités locales sont très restrictives quant à la viande de porc entrant dans le pays, malgré l’autorisation pour les entreprises étrangères d’importer de la viande de porc fraîche depuis 2005. À titre d’exemple, la Chine n’a que récemment ouvert son marché à la viande de porc italienne fin septembre 2016, après dix-sept ans d’interdiction due à l’existence en Italie du virus de la maladie vésiculeuse porcine (VMVP). Désormais, concernant la production de saucisson ou d’autres produits de charcuterie crue, la viande doit obligatoirement provenir d’un abattoir certifié par le gouvernement chinois.
Afin de se conformer aux régulations chinoises, le gouvernement français signe avec la Chine un protocole d’accord en novembre 2013. Des inspections sanitaires d’abattoirs et d’usines de production par des responsables chinois s’ensuivirent jusqu’en mars 2014, et trois entreprises de charcuterie française furent sélectionnées en tant que pionnières de l’exportation de produits de charcuterie crus. Pour le saucisson, c’est la PME familiale Salaisons et conserves du Rouergue (SACOR) qui a su convaincre les autorités sanitaires chinoises.
Le nouveau challenge : habituer les consommateurs chinois au goût du saucisson
Suite à plusieurs étapes administratives dont l’obtention du précieux agrément d’exportation, le saucisson français fait enfin son entrée officielle sur le marché chinois en mai 2015, à l’occasion du Salon international de l’alimentation « Sial China » de Shanghai. Après avoir convaincu les autorités de la qualité de son saucisson, le producteur de l’Aveyron doit encore séduire les palais des consommateurs chinois.
D’après le Figaro, la viande de porc constitue 45% de la viande consommée en Chine, ce qui correspond à environ 55 millions de tonnes par an. Grands consommateurs de porc, les Chinois ont pourtant peu l’habitude de manger de la charcuterie. Et si on trouve plusieurs variétés de saucisses sèches et fumées en Chine, notamment sous le nom de « La Chang » (en mandarin臘腸), ce qui signifie saucisse sucrée en mandarin, très peu de Chinois connaissent le saucisson français. Les saucisses « La Chang », dégustées notamment lors du Nouvel An chinois, sont fabriquées à base de sauce soja et de sucre, bien loin du goût salé, au poivre, à l’ail ou simplement fumé des saucisses sèches tellement appréciées en Hexagone. La prochaine étape pour la SACOR est donc de parcourir les salons chinois pour faire connaître et apprécier son produit auprès des locaux. Au-delà du problème du goût, la SACOR doit aussi prendre le temps de trouver le bon partenaire de distribution.
Ainsi, le saucisson français a franchi la frontière chinoise, mais il n’est pas encore parvenu jusqu’aux étals des épiceries et supermarchés locaux. Pour le moment, les industriels de la filière charcuterie n’émettent aucun pronostic de chiffres d’affaires sur le marché chinois. Mais globalement pour toute la filière du porc, l’interprofession nationale porcine espérait en 2014 exporter jusqu’à 20.000 tonnes de produits issus du porc par an (les accords d’exportation de charcuterie crue comprenant également le jambon sec), ciblant la classe moyenne chinoise, un marché d’environ 300 millions de consommateurs, selon les estimations des industriels.
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— Daxue Conseil (@Daxue_Conseil) 24 juillet 2017