Les réformes financières en Chine
À l’aune d’une économie mondiale fortement intégrée, le modèle d’ouverture de l’économie chinoise, construit de toute pièce par l’État, ne peut plus être aujourd’hui à la hauteur des exigences permettant d’assurer au secteur financier un développement viable. Il est certain que la libéralisation du secteur financier bat désormais à un rythme incompatible avec le statut de puissance économique dominante que le pays affectionne. Face au reste du monde, l’ouverture du marché financier chinois est drastiquement marginale. De nombreux rapports ont d’ailleurs récemment montré que le nombre d’institutions financières présentes en Chine a contre toute attente, diminué. Néanmoins, le gouvernement chinois s’est efforcé de mettre en œuvre au fil des années de nouvelles politiques et de pousser vers une réforme en profondeur du secteur financier. Essayons de comprendre dans cet article, ce qui a été fait jusqu’à présent et ce qu’il reste à accomplir dans le paysage financier chinois.
Ouvrir le marché financier chinois
Pendant plus d’une décennie, pas après pas, le gouvernement chinois a mis en œuvre de nombreux plans afin de libéraliser les mouvements de capitalisation des investissements étrangers par les ménages, les entreprises et les investisseurs institutionnels chinois. Plus précisément, la composition des sorties brutes de trésorerie a radicalement évolué, passant d’une simple accumulation de réserves de trésorerie à des flux officiels et non officiels, résultants des investissements du secteur privé et du secteur public.
En 2002, le gouvernement chinois a d’abord libéralisé les flux transfrontaliers en statuant le plan « Qualified Foreign Institutional Investor (QFII)”. Ce plan a permis aux institutions étrangères qualifiées de convertir des devises étrangères en RMB et d’investir dans les actions du marché chinois et plus largement, dans tout autre instrument financier exprimé en RMB. En octobre 2015, on pouvait comptabiliser un quota total de 78,9 milliards de dollars accordés à 277 institutions étrangères, incluant 8 banques centrales et 10 fond souverains.
En 2006, les officiels chinois ont poursuivi la réforme du secteur financier avec le plan « Qualified Domestic Institutional Investor (QDII)” qui permet aux institutions financières chinoises d’investir dans des produits financiers offshores tels que les titres et les obligations de portefeuille. Mais il reste encore beaucoup de choses à accomplir. En 2013, a été pensé le plan “QualifiedDomesticIndividualInvestor (QDII2). Pas encore lancé, peut être avorté, ce plan prévoyait de permettre aux particuliers chinois, avec au moins 160 000$ d’actifs, d’investir dans des produits financiers offshores.
En 2012, le gouvernement chinois a commencé à relâcher son emprise sur les sorties et les flux bidirectionnelles d’investissements en étendant plus largement le principe de Free Trade Zones’ (FTZs). Après l’ouverture de la FTZ de Shanghai en 2013, a suivi celle de Canton, de Tianjin et de Fujian en Avril 2015.
Connecter la Chine continentale à Hong Kong
Avec le plan « Shanghai-Hong Kong Stock Connect », en 2014, les investisseurs de Chine continentale peuvent enfin acheter des actions de compagnies Chinoises et Hongkongaises, cotées à Hong Kong et choisies par le gouvernement. Par ailleurs, le plan permet également aux investisseurs étrangers d’acheter des actions de catégories A, cotées à la bourse de Shanghai. En juillet 2015, le plan est allé plus loin en permettant à certains fonds chinois et hongkongais de trouver leurs investissements dans chacun des deux marchés respectifs par le biais d’un processus normalisé.
Donner plus de flexibilité au taux de change : sur la voie de l’internationalisation du RMB
Le 11 août 2015, la Banque populaire de Chine (BPC) a changé le mécanisme de fixation du taux de change de référence du RMB avec le dollar. Bien qu’avec l’internationalisation croissante du RMB et sa présence dominante dans les bourses occidentales à l’image de la Bourse de Londres, les deux taux n’ont plus besoin d’être les mêmes, le taux de référence est désormais corrélé au taux fixé à la clôture des marchés. Ce qu’il faut retenir, c’est que le taux de change du RMB relatif au dollar est désormais davantage sujet aux forces du marché. Une dévaluation du CNY de 1,9% par rapport au dollar a par ailleurs accompagné cette nouvelle politique.
D’août 2015 à Janvier 2016, il y a eu une pression à la baisse conséquente sur le RMB. Après avoir atteint leur apogée à 4 000 milliards de dollars en Juin 2014, les réserves de change sont tombées en Janvier 2016 à leur niveau le plus bas (3200 milliards de dollars). Depuis, la pression semble s’être atténuée et le stock de réserve de change s’être stabilisé. Cependant, un manque de clarté persiste de la part des officiels chinois concernant la nature précise de la politique du taux de change chinois, ceux-ci clamant que la valeur du RMB est simplement déterminée par la loi de l’offre et de la demande.
Réformer le secteur bancaire
Le système financier chinois reste principalement dominé par les banques, surplombé par un état contrôlant directement la majeure partie du système bancaire. Ces dernières années, reconnaissant l’importance d’un meilleur système financier pour une allocation optimale des ressources économiques, le gouvernement chinois a mis en place de nombreuses réformes.
Les prêts et dépôts bancaires ont été ainsi complètement libéralisés. Même si la BPC continue d’indiquer des taux de référence, les banques commerciales peuvent désormais fixer leur taux de change librement. Depuis mai 2005, un programme d’assurance des dépôts, plus transparent et plus autonome, est en cours. Le programme vise à inciter et à préparer les banques à respecter les règles du marché. Il remplace ainsi, un contrat moins tacite qui liait banques et État chinois, faisant de ce dernier un assureur d’urgence des dépôts en cas de dérives.
Que retenir de ces avancées ? Le modèle d’ouverture actuel, piloté par l’État chinois a pendant longtemps surprotégé les institutions financières locales tout en compromettant tout effort pour stimuler la compétitivité du marché financier. Plus récemment, le gouvernement chinois a certes œuvré pour plus de transparence et plus d’ouverture du secteur financiers, mais les décideurs doivent poursuivre leurs efforts afin de libéraliser l’économie et de faire le meilleur usage des ressources allouées.
Article rédigé par SJ Grand, Conseil Fiscal et Financier en Chine
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