Les produits du terroir français en Chine se popularisent
La consommation des ménages reprend doucement en France, mais cela ne suffit pas forcément pour certains producteurs français, qui exportent leurs produits à la recherche de nouveaux marchés plus porteurs. C’est en particulier le cas des fabricants et fournisseurs de produits du terroir. Cette catégorie de produits n’a pas de définition ni de label officiel, mais correspond aux spécialités culinaires propres à chaque région. La Chine, qui fait rêver de nombreux entrepreneurs avec l’émergence d’une classe moyenne regroupant fin 2015 plus de 110 millions de consommateurs potentiels, est l’une des destinations privilégiées de ces produits du terroir français.
Champagne, vin et foie gras, les trois produits du terroir les plus appréciés en Chine
Ainsi, de nombreux producteurs se portent candidats pour exporter leurs produits comme le vin, le champagne, la charcuterie, les produits d’épicerie sucrés et les produits laitiers. Mais certaines catégories de produit ont plus de succès que d’autres. Par exemple, les deux producteurs français de vins et spiritueux, LVMH et Pernod Ricard, détenaient en Chine une part du marché du champagne estimée à 70 % en 2013. Si les ventes de champagne ont baissé avec la campagne anticorruption lancée fin 2012 par l’exécutif chinois, le taux de croissance annuel moyen pourrait tout de même atteindre 22,7 % sur la période 2014 – 2019, d’après le site spécialisé Mon Viti. De plus, le champagne bénéficie depuis 2013 d’une nouvelle politique gouvernementale, selon laquelle seuls les vins mousseux produits dans la région Champagne peuvent bénéficier de l’appellation, permettant de renforcer le « vrai » champagne, qui est à présent clairement distingué des vins chinois.
Dans les étalages des boutiques, tout près du champagne, se trouvent inévitablement nombre de vins français, une boisson de plus en plus populaire auprès des Chinois. Depuis 2014, la Chine est le troisième client de la France pour ce produit, important 95 % de vin rouge et 71 % d’AOP (vins d’appellation d’origine protégée) en valeur, relève Business France. En Chine, une bouteille de vin importée sur deux est française. Plus précisément, on trouve des Bordeaux, des vins du Languedoc-Roussillon, de Bourgogne et de Côtes-du-rhône. En revanche, si les exportations françaises de vin se portent bien, les marques font face à une concurrence accrue de la part des producteurs locaux, notamment provenant des exploitations viticoles du Ningxia ((宁夏) au nord de la Chine.
Allant souvent de pair avec le vin, la charcuterie française cherche également à se faire une place sur le marché chinois. Pour l’entreprise Delpeyrat, qui a obtenu en mars 2015 un agrément d’exportation pour son jambon sec, la Chine représente un débouché significatif. Le producteur originaire du Périgord espère y vendre 50.000 pièces dans l’année. Dans la catégorie des produits du terroir à base de viande, le foie gras a devancé la charcuterie dans la conquête du marché chinois. L’engouement des consommateurs est tel que la coopérative Euralis a entrepris en 2014 la construction d’une usine regroupant la filière complète avec une capacité de 500.000 canards prévue pour 2017 et le double pour 2020, explique son directeur général aux Echos. Mais là encore, la concurrence des produits chinois est déjà largement établie : à lui seul, le groupe Jilin Zhenfang accapare la moitié des parts de marché en écoulant sa production auprès des particuliers, alors que les producteurs français s’adressent essentiellement aux restaurateurs.
Les obstacles administratifs et culturels restent nombreux empêchant l’arrivée massive des produits du terroir
En effet, l’accès au marché chinois et à son consommateur n’est pas si aisé pour les produits du terroir français. Au-delà du succès des quelques produits phares cités ci-dessus, il existe de nombreux obstacles, à commencer par la réglementation concernant l’importation des produits alimentaires en Chine. Certains types de produits, dont ceux contenant du porc, doivent faire l’objet d’agréments d’exportation qui peuvent être extrêmement longs à obtenir. Cela a été le cas pour le saucisson, exporté depuis tout juste un an par la société aveyronnaise Salaisons et conserves du Rouergue (SACOR), la seule entreprise française habilitée à exporter des salaisons vers la Chine.
C’est pour faire face aux difficultés administratives et fournir aide et conseil devant ce genre de problème que des structures regroupant les petits producteurs se sont créées. Depuis 2012, les Maisons Sud Ouest France (MSO) en Chine s’emploient à vendre dans des points de vente physiques des produits certifiés par un label français de qualité.
L’objectif est le même pour Chen Di Partners, lancée par les régions Midi-Pyrénées et Aquitaine en 2013, et leur challenge « Best of Origin » visant la commercialisation en Chine des produits de trois cents PME françaises en deux ans. Pour compléter l’offre des MSO et mieux promouvoir les produits régionaux français sur le territoire chinois, Chen Di Partners s’est allié au groupe de e-commerce chinois Beexi, et a créé une boutique en ligne dédiée, beexibox.com. Malgré tous les efforts des MSO, “90 % des produits du Sud Ouest ne sont pas exportables”, regrette la coordinatrice des MSO Magali Bladier en répondant à La Chine au présent.
À ces problèmes réglementaires s’ajoute l’obstacle du goût : une grande partie des produits du terroir français sont inconnus des consommateurs chinois et il leur faudra du temps pour apprendre à les apprécier. Pour les candidats français à l’exportation, cela suppose un grand effort de marketing. Parmi les solutions se trouve entre autres “l’exportation intégrée”, pratiquée par les fabricants de foie gras, consistant à allier leurs produits à des recettes typiquement chinoises.
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- Le marché du saucisson en Chine (Post Facebook – Suivez Daxue Conseil sur Facebook) :