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Les Chinois sont-ils racistes ?

Les Chinois sont-ils racistes?

C’est une des questions auxquelles les étrangers vivant en Chine s’accorderaient sans doute peu. Certains diraient que les Chinois sont racistes puisqu’ils ont refusé tout au cours de leur histoire contact avec le monde étranger depuis le 15e siècle ou du moins sa présence dans l’Empire chinois. Ils rajouteraient que dans le livre rouge de Mao, l’étranger est perçu comme un danger. A l’inverse, d’aucuns diraient que les Chinois sont avides de produits étrangers, veulent discuter avec les étrangers ou prendre des photos avec les « laowai ». Par conséquent, il est difficile de dire si les Chinois sont xénophobes ou xénophiles.

Les Chinois sont xénoréactifs

Mais une formule pourrait rassembler tout le monde : les Chinois sont xénoréactifs. En d’autres termes, les Chinois auront toujours une relation particulière avec les étrangers et ne seraient jamais indifférents à l’altérité ethnique, nationale, raciale. Puisque le racisme consiste à faire une différenciation de traitement entre les étrangers et les résidents, nous pourrions dire qu’effectivement le nombre de touristes à Pékin a ainsi connu une baisse de 10%. La pollution atmosphérique est si grave qu’en plein jour on doit allumer ses phares nt le comportement des Chinois est raciste.

Mais ce racisme est-il de la xénophobie ou de la xénophilie ? Les faits montrent que les 2 aspects sont présents dans la société chinoise. Prenons des exemples précis. Il existe à Pékin des résidences réservées aux étrangers. Autre exemple sémantique cette fois-ci : la plupart des bâtiments de bureaux ou des résidences hauts de gamme ont le mot « international » (国际) dans leur nom sans compter les lieux qui portent tout simplement des noms étrangers comme « Central Park », « East Lake » ou encore « The Village » pour ne prendre que des lieux pékinois. Inversement, les Chinois, individuellement ou dans la presse, regrettent qu’il y ait tant d’étrangers dans certaines villes, se souviennent avec un sentiment teinté de revanche des traités dits inégaux, acceptent difficilement toute critique de l’histoire, la société ou les coutumes de leur pays quand bien même beaucoup préfèreront acheter du lait étranger à leurs enfants plutôt que chinois, car plus sûr et de meilleure qualité. En d’autres termes, les Chinois réagissent à l’étranger comme dans une réaction chimique, des éléments réagissent mécaniquement l’un à l’autre.

Une discrimination ethnique ?

Chinois sont-ils racistesEn guise de première conclusion, la Chine est un pays discriminatoire. Mais allons plus loin et ne nous restreignons pas à la segmentation étrangers / locaux. Les minorités au sein de la Chine sont aussi distinguées. Par exemple, la carte d’identité mentionne l’origine ethnique et in fine distingue Han et non-Han. Certes, nous pourrions dire que la discrimination positive aux États-Unis instaure tout autant une discrimination, mais la grande différence est bien que vous n’avez pas de carte d’identité aux États-Unis et que le policier qui vous contrôlera ne saura pas votre ethnie d’origine. D’ailleurs, l’antipode du traitement chinois des étrangers n’est sans doute pas les États-Unis, mais la France. Les deux pays s’opposent frontalement sur l’adoption d’un traitement différencié des minorités ou des étrangers. Alors qu’en France, on renvoie au principe républicain pour ne pas différencier les ethnies dans le traitement de la république, la Chine renvoie au respect des minorités pour justifier un traitement différencié : autorisation de plus d’un enfant pour les ethnies, inscription sur la carte d’identité, etc. Amusez-vous donc à demander à vos amis chinois si, un jour, maître de la culture chinoise, maître de la langue ou simplement par amour de la Chine ou, car vous y avez vécu 30 ans, vous pourriez devenir chinois ? La question surprendra tant qu’elle ne sera pas comprise. On naît chinois et on le reste, on ne le devient pas. L’appartenance des Chinois à l’empire allait d’ailleurs au temps de l’Empire au-delà de la géographie, puisque les Chinois établis à l’étranger étaient considérés comme devant allégeance à l’empereur.

L’universalisme occidental est en porte à faux avec la vision ethnocentrique de la Chine et si la Chine accroit sa puissance, elle s’affrontera avec la vision universaliste occidentale. Le terrain de jeu de cet affrontement pourrait être d’ores et déjà l’Afrique où ces deux visions s’affrontent. Porteurs d’une vision universaliste, les pays occidentaux n’hésitent pas à intervenir dans les affaires intérieures quand cela leur semble crucial. La Chine s’y refuse. La deuxième conclusion est prospective : les Chinois se casseront les dents dans la conquête des marchés internationaux que ce soit par rachats ou par expansion commerciale de leurs propres marques. Ce qui a été baptisé « management interculturel » ou « diversité » et permit certains succès d’adaptation (ou de politiquement correct) se heurtera sans doute à l’ethnocentrisme chinois. Sans doute n’est-ce pas si loin de la distinction que les Grecs faisaient entre les Grecs et Barbares (les non-Grecs), mais la dimension civilisationiste de l’Empire romain, le Christianisme – son universalisme –  et le mouvement des Lumières ont radicalement changé la donne en faisant pointer le curseur non plus sur l’ethnie, mais sur l’être humain. L’avenir nous dira ce qu’il en résultera de cet affrontement, mais souvenons-nous qu’en Chine, 95% des Chinois pensent le monde en Chinois / Non- Chinois ou encore 中/外. Il n’en demeure pas moins que la Chine fait preuve d’une grande ouverture bien supérieure à la plupart des autres pays asiatiques. Paradoxe d’un pays gigantesque.


Comment comprendre le consommateur chinois ?


François Brun, consultant à Daxue Conseil études de marche en Chine


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