La Chine a passé les trente dernières années à s’urbaniser, à développer ses mégalopoles aux millions d’habitants. Elle a dû faire face à l’urbanisation de sa population, qui a explosé lorsque des millions de Chinois sont venus dans les villes à la recherche de meilleurs salaires. Cependant, l’urbanisation en Chine a également donné naissance à des problèmes importants.
Son expansion a également causé de bien nombreux sacrifices, notamment aux citoyens déjà installés dans ces villes, et ce quel que soit leurs revenus. Le gouvernement est toujours à la recherche de terrains où construire des projets immobiliers. En effet, en Chine, le gouvernement reste le grand gagnant de l’urbanisation, car il reste l’unique propriétaire des terrains. On peut construire et vivre dans une maison, mais seulement pour une durée de 70 ans maximum. Le gouvernement reste libre de récupérer le terrain, en théorie après avoir négocié avec les habitants. En pratique, la construction et la vente de logements sont une ressource non négligeable. Le résultat est que le gouvernement a petit à petit créé une bulle immobilière, en poussant à la construction de logements qu’il récupère en chassant les habitants.
Les Chinois à la rue
Un cas extrême est celui de Xi Yun, une mère pékinoise qui en rentrant à son logement, a découvert des pelleteuses et des ouvriers en train de détruire sa maison ainsi que celle de ses voisins. Elle savait qu’une agence immobilière s’intéressait au quartier, mais sans imaginer que sa maison puisse disparaître aussi soudainement. Son cas est loin cependant loin d’être isolé : le marché immobilier n’a cessé de grandir, et la population urbaine est aujourd’hui de 731 millions. Cela représente autant de logements à construire pour le gouvernement.
Et face à la manne providentielle que représente ce marché, les gouvernements locaux ont commencé à récupérer les terrains et construire des projets pharaoniques, qui se retrouvent souvent à l’abandon. La ville de Datong reste la plus connue des « villes fantômes » : en 2008, le maire fait évacuer 50 000 habitants pour moderniser la ville. Le résultat est catastrophique : avec un endettement de la ville, et un déplacement de la population quittant la ville d’où elle a été chassée. Ces cas n’ont cessé de se multiplier en Chine. Et de nombreux habitants, principalement dans les régions rurales, ont été délogés pour faire place à ces projets immobiliers. Cela a même conduit, certains habitants à chercher refuge auprès d’avocats pour leur défense, et a aussi poussé d’autres à des actes plus violents : on recense en Chine 41 cas d’immolation par le feu depuis 2009 pour cause de saisie de logements.
« Au début de l’ouverture économique de la Chine dans les années 1980, il a fallu répondre à un besoin immédiat de construire des logements », explique notre consultant Thibaud André à Médiapart. «Puis, poursuit-il, au fur et à mesure, on ne s’est plus appuyé sur la demande mais sur le fait que le marché immobilier est devenu une manne financière. Il constitue une part essentielle dans lePIB et la croissance du pays, le gouvernement a donc “poussé” artificiellement pour perpétuer cette croissance. »
Les actions du gouvernement pour enrayer les spoliations
Cependant, face à cette situation explosive et afin de lutter contre la corruption des officiels en zone rurale, le gouvernement central a mis en place en 2012 de nouvelles réglementations, obligeant le gouvernement à racheter au prix du marché les maisons, afin d’éviter la révolte des habitants. Cependant, cette nouvelle loi se trouve elle-même face à un nouveau problème : face au manque de transparence, à l’administration et à la corruption, elle a elle-même des difficultés à se mettre en place. Près de 60 %, des plaintes auprès du bureau des pétitionnaires, permettant aux Chinois de placer des doléances contre le gouvernement, concerneraient des problèmes fonciers.
La Chine, qui a su se développer plus rapidement qu’aucun autre pays, a donc encore des efforts à fournir pour ne pas risquer la colère de ses citoyens spoliés sans préavis.
POUR MIEUX COMPRENDRE LA DEMOGRAPHIE CHINOISE
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— Daxue Conseil (@Daxue_Conseil) 3 mai 2017
